« TUTULUTUTUOOUUTTT… !!! ». Ca y est, Annabelle est réveillée, me dis-je du fond de mon sac de couchage. Le signal est donné. Une nouvelle journée commence. Les filles, après avoir bataillé pendant un bon quart d’heure à coups de guilis et autres chatouilles, peuvent enfin descendre se préparer et s’habiller.

Ce matin, nous nous levons au beau milieu de la pampa, entre Punta Arenas et Puerto Natales, non loin de Villa Telhueche. Nous reprenons la route car ce soir nous voulons arriver au Parc Torres del Paine, un des plus beaux sites et des plus réputés de la Patagonie. Nous nous arrêtons à Puerto Natales pour faire le plein de provisions parce qu’une fois dans le parc, tout est beaucoup plus cher. D’ailleurs, ne pas faire confiance à certains guides (Guide du routard) qui racontent que les prix sont les mêmes dans le Parc et à Puerto Natales, c’est faux (cf l’épisode où Yan à failli faire bouffer sa toque à un cuistot d’un refuge qui voulait lui faire payer un pain de mie près de 10 $...).

Après avoir réglé les courses, Yan et Annabelle décident de se renseigner des prix pour faire le trajet en bateau de Puerto Natales jusqu’à Puerto Montt pour remonter plus au nord. Cela leur permettrait de remonter en 3 jours seulement jusqu’à près de la moitié du Chili, en s’évitant ainsi une bonne semaine de voiture, et en profitant de la croisière pour admirer les fjords, glaciers et se reposer au sec dans des vrais lits. Ils partent donc au port, nous laissant avec les filles sur les jeux de la ville. J’en profite pour montrer aux filles comment descendre la tête la première dans les toboggans à hélice (faut bien leur apprendre les bêtises assez tôt…).

Après trois bons quarts d’heure et avec leur expérience de négociation acquise durant leurs trois années sur les souks marocains, Yan et Annabelle reviennent et auront obtenu une réduction de 50 € sur un total de 1 300 €… Le trajet retour se fera donc en voiture via la pampa….

Nous prenons la route du parc. Nous passons à côté de la grotte du Milodon, ours des cavernes préhistorique et symbole de Puerto Natales, sans nous y arrêté, le site étant plus un attrape-touriste un peu cher et sans grand intérêt. Nous nous enfonçons donc dans les Andes. La route est magnifique, même si le ciel menace un peu.

A l’entrée du parc, nous nous arrêtons à la maison d’accueil où les gardes du parc le sont plus ou moins (accueillants). Nous nous rendons vite compte que les aménagements touristiques et les accès aux différents sites naturels sont fait de telle manière que les visiteurs déboursent un maximum d’argent (camping sauvage interdit, campings gratuits assez éloignés, en revanche les refuges bien placés sont payants et très onéreux, on ne parle même pas du prix des hôtels, parfois plusieurs centaines de dollars la nuit par personne…). Malgré ce bémol qui donne l’impression que le parc est une sorte de pompe à fric de touristes, nous sommes décidés à profiter du parc. Il faut dire que le parc est la seule ressource économique du pays. On a quand même le sentiment que l’argent dépensé ici sert plus à enrichir des concessionnaires privés que pour investir dans la protection et la préservation du parc.

Le soir nous trouvons le moyen de camper hors des campings, au bord d’une rivière avec vue normalement sur les Torres del Paine, mais le ciel est toujours chargé. On se couche tôt car le lendemain nous nous apprêtons à faire une randonnée sur 3 jours.

On se réveille avec un grand soleil, et tout le monde est de bonne humeur. Nous reprenons le land pour aller au départ des pistes de randonnée. Sur le chemin, on contemple le massif des Torres del Paine ainsi que les lacs turquoises dans lesquels les glaciers se déversent.

Annabelle nous répète au moins vingt fois par minute que :« wahouuuuuuu, c’est trop boooooo…. ! ».

On laisse la voiture à la maison du parc. Tout le monde est équipé de son packtage. Le but est d’aller voir le glacier Grey, un des plus importants de Patagonie, qui est accessible après 2 jours de marche. Annabelle, avec sa tente 2 secondes sur le dos, ressemble à une véritable tortue. D’ailleurs tous les randonneurs la regardent d’un air interrogatif. Les tentes décathlon ne sont pas encore trop connues à l’étranger.

Heureusement, le ciel est dégagé, la vue sur le massif de Torres del Paine est magnifique. Par contre le vent souffle assez fort, et nous avons sans arrêt le vent de face, ce qui rend plus pénible la randonnée. Sur le chemin nous observons des chevaux en semi-liberté, ce qui rappelle l’idée aux filles de vouloir faire une caballgatta. Tout au long du chemin, les Cuernos, énormes blocs granitiques à tête noir, nous dominent. Ils résultent de formations complexes géologiques et qui sont tout aussi impressionnants que les Torres.

Nous arrivons le soir péniblement au premier refuge après 7 longues heures de marche. Tout le monde est exténué hormis Leïa qui pète le feu et s’exclame à l’arrivée : « Franchement, la marche pendant 15 km avec le vent froid de face, et à la fin un chemin avec une multitude de petits cols sans jamais en voir l’arrivée, je kiffe grave trop d’la balle à donf sa maman…. » fin de citation.

Le camping et le refuge sont bondés de randonneurs, pour la plupart des européens et des américains, ce qui contraste énormément avec la journée où nous avons croisé qu’une dizaine de personnes. Nous nous reposons au chaud, avant de trouver un endroit à l’écart du camping pour dormir, ce qui est normalement interdit. Nous essayons de nous mettre à l’abri des regards des guardas parcs, bien que nos tentes couleurs orange et zèbre ne soient pas le meilleur camouflage qui soit. Une fois installé, nous mettons peu de temps à nous endormir.

Le lendemain, nous reprenons la marche car il nous reste encore une quinzaine de km pour atteindre le glacier. Nous marchons en forêt et sommes abrités du vent pour une fois, ce que nous apprécions grandement. Nous apercevons petit à petit le lac Grey et les premiers blocs de glace qui se sont détachés du glacier et dont la couleur bleu azur est vraiment saisissante. Nous arrivons en fin d’après-midi vers le refuge du glacier et passons un bon moment à contempler le paysage. Au bord du lac, de nombreux petits icebergs sont échoués. Nous en prenons quelques uns pour gouter la glace pure et riche en oméga 3 des Andes. Pendant que nous jouons au jeu de massacre avec certains morceaux de glace aux formes hypocondriaques, un couple de condors vole au-dessus de nos têtes, ce qui nous donne l’occasion de longs moments de contemplations béates devant ces volatiles les plus gros de la planète.

Le soir nous retrouvons un coin à l’écart du refuge, mais cette fois un employé du parc nous repère et menace de nous dénoncer aux gardes.

Nous envoyons notre meilleur expert en médiation et autre négociation avec le totochtone :…. El Yayou.

Après moultes discussions, l’indigène repart sans nez fracturé ou autre chicot en moins. On en conclut avec Annabelle que la discussion s’est bien passé et décidons de rester à notre campement pour la nuit.

Le lendemain nous prenons le chemin du retour. Je profite de me réveiller plus tôt pour pouvoir voir la Vallée del Frances et voir d’un peu plus près les Torres. Malheureusement le ciel est capricieux et les sommets sont couverts. En revanche, le glacier del Frances assure le spectacle et ne cesse de gronder, avec en primes quelques superbes avalanches. Nous nous retrouvons au 1er refuge d’où nous prenons le bateau pour revenir au Land que nous avons délaissé pendant 3 jours.

Tout le monde est bien crevé de cette expédition de 3 jours au cours duquel nous aurons fait près de 40 km à pied. Chapeau en tout cas pour nos marcheuses en culottes courtes qui, malgré quelques rouspétements, auront tenu le coup jusqu’au bout.

Le lendemain, c’est repos général pour tout le monde. On a retrouvé notre campement du début. L’après midi, on fait une petite ballade pour observer de près les guanacos et pourquoi pas des « poumas… ». Cet animal ultra-discret est un des emblèmes du parc. Nous n’aurons malheureusement pas l’occasion d’en voir. Cependant nous avons de la chance car encore une fois de plus le temps est clément, ce qui est assez rare, et nous pouvons observer bien distinctement les Torres del Paine. Nous profitons de ce beau soleil pour effectuer de magnifiques ombres chinoises sur une falaise. Un concours est lancé à qui fera le mieux l’ombre du Renard, du Guanaco ou du non moins fameux Grand Tatou Velu (celui-là c’est pour laissé des chances à nos concurrents portugais).

Au total, nous serons restés près de 5 jours dans ce parc qui mériterait d’y séjourner encore plus de temps tant le parc est riche en sites exceptionnels. Nous refaisons le rangement du Land, de nos affaires et profitons de douches chaudes d’un camping. Demain nous partons pour El Calafate.

El magnifico RiPé (JP)

L'article de Lise

 

 

Février 2010 : El Torre del Paine

 


Départ en rando

 

Les Torres
 

Lago

 

Planquage de tentes

Glacier Grey



Une glace à l'arrivée !

 


Les Torres
 

4 heures à moteur

 


Ca souffle ...
 

Land Art Rupestre

 

Chameau Chilien
 
   
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